"Le début de l'histoire . Ou "Comment toute cette histoire de fous commença..."
Naturellement, étant particulièrement stupide à partir du moment où je faisais quelque chose d'un tant soit peu original - par exemple, visiter un endroit ne se trouvant pas dans les douze mètres autour de ma demeure -, je n'avais pas pris de provisions, ni d'eau. Par contre, j'avais mon fidèle chapeau. Au moins un qui ne me lâchait jamais au mauvais moment.
Donc, je marchais sous le soleil, complètement perdu, et la soif commençait à se faire sentir. En fait, j'avais même tellement soif que je n'ai pas remarqué sur le coup les champignons géants qui couraient à mes côtés, ou les tournesols qui me tiraient la langue. Bon, quand je les remarquerai, faites moi penser à leur taper dessus. Juste un peu.
Par chance, il apparut qu'un dieu quelconque parmi les douze - j'avais compris, ou cru comprendre, qu'il y avait douze dieux dans ce pays - m'avait entendu, et je pris soudain conscience que je n'étais plus seul. Mais avant que j'aie le temps de relever la tête pour regarder devant moi, je heurtais quelque chose. Du genre grand, solide et inébranlable.
Tout ça pour dire que je me suis lamentablement cassé la figure par terre après être rentré en collision avec, j'allais l'apprendre très bientôt, un jeune aventurier quittant la cité blanche, Bonta.
L'aventurier me regarda de haut. Très haut. A moins que ce soit moi qui me trouvais bas. Très bas. En fin de compte, l'individu m'aida à me relever, et il apparut que j'avais raison sur les deux points : je me situais déjà très bas, mais en prime l'homme était de taille plus que raisonnable. Il ne me dépassait après tout que de deux têtes... Il s'agissait apparemment d'une sorte d'elfe, aux cheveux d'un blanc immaculé et aux habits, épaulettes comprises, d'un noir de jaie. Avec son arc ensorcelé accroché dans le dos et une paire de poignards à la ceinture, force m'est d'avouer qu'il était assez intimidant. Il me regarda d'un air intrigué et me demanda :
- Qui êtes-vous et que diable faites-vous à la Porte Sud de la cité ?
Je pris mon courage à deux mains et répondit :
- Je suis un voyageur venu visiter cette contrée. Je me nomme Santa'j et... heu, et je me suis perdu...
L'elfe haussa un sourcil et posa une autre question, à moins qu'il ne s'agisse d'une constatation :
- Vous devez venir de l'île de Moon, ou bien de cette fichue île Wabbit. Vu votre apparence, je doute fort que le Minotoror vous ait accueilli chez lui...
Je ne comprenais rien à son charabia, mais j'approuvais tout de même avec conviction, histoire de lui faire croire que je n'étais pas parfaitement ignare. Ce qu'il dut penser de toute façon, car il leva les yeux au ciel d'un air consterné.
- Comme vous n'avez pas l'air très au courant de l'endroit où nous sommes, je vais vous informer, reprit l'elfe. Nous nous trouvons à la Porte Sud de Bonta, la cité des anges.
- Hein ? Des anges ? fut ma réponse, intelligente et complexe.
- Oui, des anges. Des aventuriers plus hardis que la moyenne qui ont juré allégance à Amayiro et Danathor, les grands hommes de Bonta. Nous nous battons contre la cité noire, Brâkmar, qui abrite les démons. Je vous conseille d'aller à la milice si vous désirez avoir plus d'informations, moi je n'ai plus de temps à vous consacrer. Voici un bon quart d'heure que j'aurai dû rejoindre mes compagnons au cimetière.
- Que... Au cimetière ?! hoquetais-je, lui prouvant par la même occasion que j'étais décidément un imbécile.
Il me regarda comme tel.
- Eh bien, oui, nous devions aller combattre des Chafers au cimetière cet après-midi. Il me manque quelques os pour fabriquer ma coiffe.
- ... Si vous le dites, après tout...
- Mais, reprit-il, vu que vous me semblez complètement perdu, je n'ai pas le coeur de vous abandonner ici ! Si vous n'y voyez pas d'inconvénient, je vais donc vous escorter à la milice, et pourquoi vous faire une visite rapide de Bonta si le coeur vous en dit.
Je n'y voyais pas d'inconvénient. Ramassant mon chapeau, qui était tombé par terre en même temps que moi mais ne s'était pas relevé, lui, je le remis sur mon crâne et attendit que l'elfe soit prêt. Il fit alors quelque chose de tout à fait surprenant.
Il se tourna vers sa droite et parla dans le vide :
- Hey, tu veux y aller ou tu viens avec moi ? Ca va lui faire peur que tu sois là, mais autant l'endurcir dés maintenant, non ?
Et, à mon grand effarement, une voix grinçante répondit, montant du vide, désincarnée.
- Pourquoi pas, après tout... Je n'ai pas très envie d'aller massacrer ceux qui me ressemblent tant, je vais vous acompagner.
- Montre toi, tu lui fais peur, remarqua l'elfe avec un sourire que je qualifiais aussitôt de sournois.
- A ton aise... répliqua la voix dans un souffle gutural. Mais ne va pas te plaindre s'il tombe dans les pommes, comme l'autre la dernière fois...
Avant que j'aie le temps d'avoir vraiment peur - quoique je n'étais déjà pas trop rassuré, il faut bien le dire -, l'air frémit à l'endroit d'où venait la voix. Des lambeaux de cape noire apparurent, accompagnés de volutes de fumée pourpre. Lorsqu'elle retomba, je fis un bond de trois mètres en arrière.
Devant moi se tenait à présent un squelette vêtu d'une longue cape et d'un capuchon. Oui, un squelette, vous avez bien entendu. Un authentique squelette, aux os d'ivoire, dont les orbites vide autant que son rictus sardonique semblaient se moquer de moi. Comment une telle chose pouvait exister, je ne le savais pas et n'avais pas envie de le savoir.
- Permettez moi de nous présenter, mon ami, siffla l'horreur - faute d'un meilleur nom, je n'avais pas trouvé mieux pour le désigner. L'elfe ici présent s'appelle Kathan, de la classe des Crâs. Les crâs, comme vous l'avez sûrement vu, excellent au tir à l'arc, aussi je vous conseille de ne pas le provoquer plus que nécessaire. Son sens de l'humour est presque aussi lamentable que le mien...
Il eut un rire éraillé qui m'évoqua trois cents scies rouillées dansant sur un tableau noir, puis continua :
- Quand à moi, si vous en avez le courage, appelez moi Sacrilej. Je suis un Sram, un piégeur de l'ombre. De la classe des assassins, au cas où vous ne l'auriez pas remarqué, ajouta-t-il avec un terrifiant sourire.
Je remarquais alors qu'il avait lui aussi deux poignards attachés à la ceinture. Deux poignards aux lames mortellement affûtées. Mais qu'est-ce qui m'avais pris de venir visiter ce pays ? J'espérais ardemment que ces deux là étaient les plus dangereux de ce pays et que je n'en verrais pas trop d'autres.
- Venez, intervint alors l'elfe Kathan. Nous devons nous rendre à la milice.
Il rajusta sa cape d'un geste élégant et je vis alors un détail qui m'avait échappé : leurs capes étaient maintenues par la même broche, une étoile bleu vif sur un fond d'un bleu plus profond. Je leur demandais ce que cela signifiait.
- Les aventuriers de ce monde, s'ils s'en montrent dignes, peuvent avoir la chance de rejoindre une guilde. Avoir une guilde signifie avoir des compagnons, de l'aide, financière entre autre, ou tout simplement de continuer l'aventure, si je peux me permettre, en compagnie d'amis. Je suis Sacrilej, meneur d'Arrancars To Vizards, guilde du monde des Douze. Voici Kathan, mon bras droit et fidèle compagnon. Notre guilde compte près de soixante membres à présent, nous aurons peut-être la chance d'en voir sur le chemin.
- Vos compagnons sont-ils tous comme vous ? osais-je demander. Je veux dire, des... srams et des crâs ?
- Certes non, répondit Kathan. Chaque Dieu a inspiré une classe, si bien que nous sommes douze catégories différentes à cohabiter. Vous verrez bien, allons à la Cité !
Et nous sommes entrés dans Bonta, cité des anges. Je ne me doutais pas que mes soit-disant vacances dans ce pays allaient devenir aussi trépidantes..."
Fin du premier chapitre, RDV bientôt pour la suite :p ( enfin, si vous la voulez ^^' ).