Salut à tous =D !
Désolé de cette absence de texte pendant tout ce temps, votre auteur favori avait perdu l'inspiration. Mais il l'a retrouvé - elle était dans le placard - et revoilà la suite, un bon gros pavé pour me faire pardonner :p ! Bonne lectuuuuuuure...
"Il faisait sombre. Très sombre. Tellement sombre, en fait, qu'on eut à déplorer une demi-douzaine de chutes, accompagnées de jurons divers et variés dont j'ignorais la plupart ( les vacances à l'étranger ont toujours du bon, vous voyez ). Staturagon, qu'on n'avait plus entendu depuis le début de la journée, en tête, nous suivions avec précaution et en silence.
Enfin, c'était un silence relatif, qui tenait plus du grondement de tonnerre que de la feuille morte. Personne n'est parfait.
J'avoue qu'avec un bordel pareil, c'était un miracle que personne ne soit encore venu à notre rencontre, surtout que j'avais cru saisir que nous étions dans une cachette de bandits. Et qui dit bandits, dit généralement dangereux. Ca tombait mal, moi et le danger étions en mauvais termes depuis longtemps...
- C'quoi tout ce bruit ? grommella alors une voix, loin devant nous.
- Sais pas, on dirait qu'il y a quelqu'un qui se ramène par là, répondit une autre.
Ben voilà, j'vous avais bien dit qu'avec ce barouf éléphantesque, on allait se faire repérer ! Nous continuâmes à avancer, prudemment, et dans un silence nettement plus complet. Mais les voix se rapprochaient...
- Hey, qu'est-ce que vous faites là, vous ?! s'exclama alors la première voix, beaucoup plus proche d'un seul coup.
- Bonne nuit, déclara Staturagon en guise de réponse, avant de lui assener un grand coup sur la tête du plat de son épée, qui envoya le malandrin au pays des Ecaflips. Le deuxième bandit arriva à son tour et se prit lui aussi quinze kilos de métal sur la tête. Oui, les épées écaflipes sont très lourdes, leurs utilisateurs étant très forts.
Et leurs victimes très sonnées.
La route ainsi dégagée, Kathan recouvrit les deux hommes - des Ecaflips eux aussi - d'une toile cirée de même couleur que la paroi terreuse, les dissimulant ainsi aux regards. Puis nous avons continué notre chemin à pas feutrés.
Au bout d'un bon quart d'heure de marche souterraine, nous sommes arrivés dans une grande salle lumineuse... et occupée ! Une demi-douzaine d'Ecaflips, ainsi que deux Srams, arrêtèrent subitement de parler, tournèrent la tête vers nous dans un bel ensemble, et bondirent de leur siège pour se placer debout devant nous, l'air menaçant.
- Je sais pas qui vous êtes et ce que vous faites ici, mais vous allez ressortir en plusieurs morceaux, rugit un Ecaflip.
Il s'empara d'un jeu de carte dans sa poche et les jeta vers nous d'un geste vif. A mi-chemin, les rectangles de carton s'enflammèrent et se précipitèrent sur nous, comme doués d'une vie propre. Nonole les carbonisa net d'une pluie d'éclairs, à l'instar de son camarade Reznow qui les changea en cendres. L'Ecaflip les regarda d'un air terrifié et battit en retraite.
Las, c'était trop tard pour lui. Staturagon poussa un grondement peu rassurant, dans lequel on pouvait vaguement entendre les paroles suivantes :
- Ils osent utiliser des techniques écaflipes contre moi ? Je vais les changer en poussières !
Et de faire un grand geste circulaire du bras en direction des six pumas. Des crocs monstrueux sortirent du sol et se refermèrent en claquant sur leurs proies. Les six furent projeté contre le mur comme des poupées de chiffons et ne bougèrent plus.
- Voilà votre destin, déclara Staturagon alors que les gigantesques mâchoires disparaissaient en fumerolles.
- Oui, me glissa Kathan à l'oreille, le Destin de Stat', quand il est en colère, peut être très très violent. Vous voyez le genre, quoi...
Il restait donc les deux srams, qui nous regardaient d'un air mi-terrifié, mi-bravache. Je ne le savais pas, mais il était de notoriété publique que les srams étaient puissants et ne craignaient rien ni personne. Bon, là, j'avoue qu'ils pouvaient se permettre de flipper en voyant l'armée qui leur faisait face.
Mais non. Ils se contentèrent de s'envelopper dans leurs capes et de disparaitre.
- Je n'arrive pas à les sentir, murmura Staturagon, pourtant habituellement très bon dans ce domaine. Ils sont plutôt bons...
- Bons ? intervint alors une voix éraillée et narquoise. Ils sont bons tant qu'on ne les voit pas, non ? Il est temps de lever le voile, mes amis !
Et, sous nos yeux stupéfaits, Xalenty apparut dans son habit cendreux, se confondant presque avec le sol. Ravi de son petit effet, il claqua des doigts en prononçant un mot : "Repérage...". Les deux bandits, redevenus instantanément visibles, le regardèrent d'un air incrédule et reculèrent lentement vers la paroi. L'un d'eux ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais en fut empêché par une ronce hérissée de pics qui s'enroula autour de lui, le clouant au mur. Cawotte, sans geste apparent, fit surgir du sol d'autres lianes bardées d'épines qui vinrent se coller aux deux srams, les immobilisant totalement. Le Sadida prit tout de même soin de ne pas trop les abîmer : il fallait bien les interroger sur leurs dernières activités.
- Bon, maintenant que ce petit intermède est terminé, messieurs, nous allons discuter, déclara Kathan. Pour commencer...
- Pour commencer, depuis combien de temps t'es là, Chad ? le coupa Nonole. On t'a pas du tout vu venir.
- C'est bien à ça que sert l'invisibilité, non ? répondit Xalenty, dit Chad, arborant un sourire à faire crouler les murs. En fait, ça fait moins d'une heure que je vous suis. J'avoue, j'étais franchement vexé d'avoir été oublié à Bonta, alors j'ai pris le zaap des Plaines Rocheuses et je vous ai suivi. Apparemment, c'était pas une mauvaise idée, ces bandits ne s'attendaient pas à ça.
- Mouais, j'avoue que ton arrivée ne manquait pas de style, approuva Manbre avant d'ajouter : Les srams me font froid dans le dos, décidément...
Kathan claqua la langue d'un air impatient et tout le monde se tut. Il se retourna vers les deux bandits ligotés au mur et reprit :
- Où en étais-je déjà ? Ah oui, j'y suis. Qu'avez-vous fait ces derniers jours, qui pourrait concerner la cité blanche, Amayiro, ou bien Brakmar ? Répondez ou notre ami sram ici présent se fera un plaisir de vous délier la langue.
Derrière lui, Chad jouait à faire tenir une dague en équilibre sur son doigt. L'arme vacilla soudain, tomba et se planta avec force dans la table en chêne massif, la lame disparaissant dans le bois. Il la retira d'un geste vif, montrant que le métal n'avait pas une égratinure. Et au cas où les deux bandits n'auraient pas compris, il leur adressa un sourire affreux, le genre à envoyer directement au cimetière sans passer par la case Départ... Les deux Srams se montèrent alors beaucoup plus loquaces.
- On... On n'a rien à voir avec Amayiro ou Bonta, monseigneur, balbutia le premier. On fait juste un peu de trafic avec Brakmar, des transports de... d'herbes médicinales, vous voyez... Rien de plus...
Staturagon leva la tête et inspira profondément plusieurs fois. Puis il cracha par terre en feulant :
- Ils mentent. Ils ont peur, ça se sent dans l'air... Ils essaient de se débarrasser de nous en racontant ce qu'on veut entendre selon eux... Deuxième essai, messieurs.
- Mais... j-je vous dis qu'on n'a pas...
L'Ecaflip poussa un grondement terrifiant qui fit trembler les murs de la caverne. Le bandit émit un étrange couinement et ne dit soudain plus rien.
- J'en déduis que vous avez vu Amayiro passer par ici. Peut-être même que vous avez essayé de lui mettre des bâtons dans les roues, ce qui expliquerait cette cicatrice toute fraîche sur votre front. Ne mentez pas à un Ecaflip, vous ne vous en sortirez pas vivant.
Le deuxième bandit prit alors la parole. Sa voix rauque tranchait avec celle de son compagnon, davantage semblable au cri du blop de tout à l'heure.
- Amayiro est passé par là, en effet, dit-il. Il s'était déguisé en pélerin, alors on a voulu lui soutirer un peu d'argent... On est bandit ou on ne l'est pas, se justifia-t-il en voyant le regard noir de l'elfe. Toujours est-il qu'il nous a fichu une sacrée volée et qu'il est reparti vers Astrub... en nous laissant inconscient au milieu de la route... C'est tout, relâchez-nous !
Kathan se tourna vers Staturagon, qui fronça les sourcils, huma profondément l'atmosphère, puis finit par admettre que celui-ci disait la vérité.
- Ok, ça va pour cette fois. Si vous avez des renseignements la prochaine fois qu'on se verra, n'essayez pas de lutter contre nous, vous voyez ce que ça donne...
Tout de même dépité de n'avoir pas de meilleure information, il s'empara de son arc et arma une flèche.
- Au fait, l'alcool est mauvais pour la santé, déclara-t-il avant de tirer un trait qui fit exploser une étagère remplie de bouteilles de vin. A la prochaine.
Et, sans s'inquiéter davantage du sort de ses victimes, il fit demi-tour et s'engagea dans le tunnel d'entrée. Le reste de la troupe partit à sa suite. Ils parcoururent le tunnel et remontèrent l'échelle végétale sans un mot. Puis Kathan dit :
- On peut les libérer, je pense. Caw' ?
Le Sadida claqua une seule fois des doigts. Un bruissement s'entendit à travers le tunnel, puis deux cris de douleur lorsque les bandits s'écroulèrent sur les ronces. Un autre claquement fit s'évaporer l'échelle en fumée.
- Amayiro est donc retourné vers Astrub. Nous continuons, commanda Kathan.
Et nous nous sommes remis en route vers Astrub, la cité des mercenaires."